lundi 5 octobre 2020

Le Mali en phase de transition

 

L’ex première dame Adam Bâ Konaré s’exprime. 



         Adam Bâ Konaré pour le Mali humble et digne
 

L’épouse du Président Alpha Oumar Konaré (Alpha Oumar Konaré, Président de la République du Mali de 1992 à 2002) est sortie du silence via une tribune. Si elle évoque les similitudes avec la transition de 1992, ADAM fera mention du combat de Mahmoud Dicko à l’endroit du Président déchu IBK(Ibrahim Boubacar Keita).
 

  

Adam Bâ Konaré a été bluffée par l'aspect pacifique du putsch du 18 août  2020 : aucun crépitement d’arme, aucune menace sur le chef de l’Etat n’ont été enregistrés. « Les images que l’on a vues semblaient irréelles. Pas une goutte de sang versée, pas un cheveu arraché, aucun bruit. Seulement le tohu-bohu ambiant de la foule agglutinée devant le domicile privé du président de la République, sinon le calme, sidéral, olympien » lance-t-elle d’emblée pour camper le décor.   

  

Elle fera des similitudes sur la forme avec la junte conduite par Amadou Toumani Touré , 30 ans plutôt : « La junte militaire s’est donnée le nom de Comité national pour le Salut du Peuple (CNSP), conduite par un Colonel, Assimi Goita, et dit avoir parachevé l’œuvre du M5-RFP, comme le 26 mars 1991, où le Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) de Amadou Toumani Touré alias ATT avait dit parachever l’œuvre du Mouvement démocratique. »  


 
Cette fenêtre historique, Mme Konaré l’attribue au Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), qui a ouvert la brèche en acculant un pouvoir arrivé à bout de souffle, si jamais souffle il a eu.

 

Confirmant que l’ex Premier Ministre de son époux avait agité le spectre d’un État islamique, au sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO tenu à Niamey le 27 juillet 2010, Adam Bâ Konaré dédouanera Mahmoud Dicko. Elle dira même qu’il n’a jamais parlé de guerre sainte, ni placé son mouvement sous le signe de l’Islam. Pourtant, elle préviendra que ce dernier n’est pas un religieux banal car alterne l’imam et le politique, le sage et l’insurgé.  


 
Ce dernier a affirmé avoir transformé les mosquées en lieux de campagne électorale pour  en 2013. «  Il dit et se dédit, entre et sort, part et revient, revient et repart, tantôt caustique, tantôt émoussé, mais toujours, en appelant à la sagesse, au calme, à la non-violence, à ne pas mettre à feu le Mali, à rentrer à la maison sans faire de casses, des directives qu’un de ses lieutenants, Choguel Maiga, responsable de parti politique pourtant, jugera comme relevant d’une haute stratégie politique, d’une grande tactique.


Adam Bâ évoquera la réhabilitation de Moussa Traoré. La visite du CNSP auprès du défunt Général, l’avait interpellé car au fil des débats de la junte et du traitement réservé, la situation fut convulsant à ses yeux : Un deuil national de trois jours, les drapeaux mis en berne, et des funérailles nationales organisées, le vendredi 18 septembre en hommage à celui qui fera 23 ans à Koulouba, Mali.


 
L’ex first lady rappellera que feu Moussa Traoré a été gracié par son époux en 2002, mais aucunement amnistié pour ses fautes, en l’occurrence les « crimes économiques » et les « crimes de sang » perpétrés contre le peuple au mois de mars 1991. Elle ira plus loin en précisant que le Général-président s’est refusé de demander pardon au peuple, bien qu’il fût dédouané par IBK, le jour de son investiture en Septembre 2013.  Ce qu’elle qualifie de ‘’mécanisme de blanchiment’’ en justifiant avec les nombreux acteurs du mouvement démocratique de mars 1991- qui affluaient vers GMT. 

 
 Aucune allusion à son statut d’ancien président de la République et ceux qui ont assisté à son enterrement ont été dispersés à coup de grenade lacrymogène, certains emprisonnés, d’autres obligés de s’expatrier. Adam Bâ rappellera qu’il a été refusé à sa veuve Mariam Travélé, de porter le deuil. Il reste donc à organiser des funérailles nationales pour le père de notre indépendance, Modibo Kéita.

 Par contre , elle ira au constat que le mouvement démocratique de 1991 est devenu un mouvement giratoire des tourbillons du pouvoir, désespérément atone et livide par ces temps de crise morale. Autrement dit , ce n’est plus qu’un cinglant revers du fait des orientations prises par ces acteurs désormais désavoués. 


  Malgré le délai de 18 mois qu’on dit raisonnables pour ces prochaines élections, Mme Konaré prévient qu’elles ne seront nullement crédibles et transparentes tant que le même logiciel continuera à les organiser. Dans son viseur , le ministère de l’administration territoriale , la CENI et la DGE qui avec le temps, montré leur limite via leur mode de désignation, de même que leurs accointances avec l’Exécutif.
 


  Les choix de la transition sous Bah N’Daw devraient être clairs et sans équivoque en plus de prévoir une clarification institutionnelle qui s’impose. Notamment au sujet des autorités morales – religieux et chefs traditionnels afin de définir leur statut.

 

A Bah N’Daw , l’épouse d’Alpha Oumar Konaré donne sa lecture du Mali nouveau en déclarant : « Faisons de ce temps de transition un temps de travail, de désintéressement, de rigueur et d’humilité, un temps de vertu. De grâce ! Renonçons à toutes ces cérémonies, festivités et commémorations budgétivores et tapageuses, à tous ces cortèges officiels de nos voitures à tous, grosses cylindrées ou petites, motards, pick-up, véritables bolides spectaculaires, lancés sur nos voies à hurle-vent, sirènes stridentes et dérangeantes, héritage répréhensible d’un pouvoir obnubilé par le m’as-tu vu et le plein-la-vue, l’impressionnisme en un mot. Tenez-nous en au minimum protocolaire et sécuritaire, cravatés ou gros-boubous, galonnés ou grosses-bottes, gros-foulards, perruques ou longs-talonnées, c’est comme on veut. La grandeur réside dans la simplicité. Moins on est visible, plus on est vu ! La clarté éblouissante du pouvoir attire inexorablement son contraire : l’obscurité sépulcrale » 


 
L’humilité sera donc son mot de la fin, afin que le Mali étonne le monde. Une sortie d’Adam Bâ Konaré qui va encore faire des remous dans l’arène politique mais aussi militaire cette fois vu les acteurs ciblés par sa tribune.  

 

Propos recueillis par Idrissa Keita

 

Thérèse Diatta Ngoboh

 

 

 

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