L’école est paralysée dans le nord du Mali, constate une
mission conjointe de l’UNESCO et du gouvernement malien
Paris,
19 novembre- L’occupation des régions du nord du Mali par des groupes armés a
eu de graves conséquences sur le système éducatif. Elle s’est traduite par la quasi
paralysie du système éducatif dans l’académie de Tombouctou. A Gao et Kidal, la
rentrée n’a pu avoir lieu. C’est ce qu’a pu constater une mission conjointe de
l’UNESCO et du gouvernement malien qui s’est rendue sur place du 18 au 23
octobre.
Mali, l'école saccagée |
L’occupation des régions du Nord du Mali
a été suivie par de nombreuses destructions qui ont affecté les écoles à
Tombouctou, Gao et Kidal. La mission a pu constater qu’une grande partie des infrastructures scolaires a été
saccagée et pillée. Le mobilier scolaire a été détruit et utilisé comme
combustibles. Par ailleurs, les matériels électriques et informatiques (groupes
électrogènes, câbles, serveurs, ordinateurs, imprimantes, etc.), les livres et
le matériel de laboratoire ont été saccagés ou brulés.
« La situation de l’enseignement dans le nord du Mali est
particulièrement préoccupante. En s’attaquant aux écoles, les extrémistes ont tenté
de saper les fondations de la société, comme j’ai pu le constater lors de ma
visite dans le pays en février dernier. Il est fondamental aujourd’hui de
mettre tout en œuvre pour permettre aux élèves de retrouver au plus vite le
chemin de l’école. Il en va de l’avenir même de toute la région », a déclaré la
Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova.
Tombouctou au Nord du Mali avant sa destruction |
Par
ailleurs, l’occupation a entrainé le déplacement de nombreux enseignants et d’élèves du
primaire et du secondaire, à l’intérieur
du pays mais aussi vers les pays limitrophes comme le Niger, la Mauritanie, le
Burkina Faso et l’Algérie. A Tombouctou, la mission a constaté que la plupart
des enseignants n’avaient toujours pas rejoint leurs postes.
Dans le
primaire, seuls 52% des enseignants sont aujourd’hui en poste et 1197
enseignants manquent à l’appel dans toute l’Académie de Tombouctou. Dans le
secondaire, seuls 8 % des professeurs sont en fonction et 150 sont encore
attendus. Au niveau de l’enseignement technique et professionnel, seuls 7,5 % des enseignants sont de nouveau en
fonction, alors que 134 professeurs manquent à l’appel. Quant aux élèves du
préscolaire et du primaire, ils ne sont que 60% à avoir retrouvé le chemin de
l’école. Au
niveau de l’enseignement secondaire, 3200 élèves sont absents sur les 3616 que
comptait l’Académie. Dans l’enseignement technique seulement 167 élèves
répondent à l’appel sur les 1412 attendus.
Dans
les régions de Gao et de Kidal la rentrée scolaire n’a pu avoir lieu en raison notamment du non-paiement des primes
de déplacement et d’installation aux enseignants.
Face à
ces constats alarmants, l’UNESCO et le Mali lancent un appel à la communauté
internationale afin de recueillir des fonds en vue d’assurer le retour des
enseignants par une campagne de sensibilisation et par l’instauration de primes
pour les enseignants exerçant dans les régions nord. Il s’agit aussi de dresser
un état des lieux des dégradations de l’ensemble des infrastructures scolaires.
La
mission recommande également la mise en place d’un accompagnement
psycho-social des enseignants, des
parents d’élèves et des élèves traumatisés par la crise. Elle préconise aussi
le lancement d’une campagne nationale d’alphabétisation, notamment à
destination des femmes, afin qu’elles comprennent l’importance de scolariser
les enfants et surtout les jeunes filles.
Thérèse Diatta Ngoboh
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