L’ex première dame Adam Bâ Konaré s’exprime.
Adam Bâ Konaré pour le Mali humble et digne
L’épouse
du Président Alpha Oumar Konaré (Alpha Oumar Konaré, Président de la République
du Mali de 1992 à 2002) est sortie du silence via une tribune. Si elle évoque
les similitudes avec la transition de 1992, ADAM fera mention du combat de
Mahmoud Dicko à l’endroit du Président déchu IBK(Ibrahim Boubacar Keita).
Adam Bâ Konaré a été bluffée par l'aspect pacifique du putsch du 18
août 2020 : aucun crépitement
d’arme, aucune menace sur le chef de l’Etat n’ont été enregistrés. « Les images
que l’on a vues semblaient irréelles. Pas une goutte de sang versée, pas un
cheveu arraché, aucun bruit. Seulement le tohu-bohu ambiant de la foule
agglutinée devant le domicile privé du président de la République, sinon le
calme, sidéral, olympien » lance-t-elle d’emblée pour camper le décor.
Elle
fera des similitudes sur la forme avec la junte conduite par Amadou Toumani
Touré , 30 ans plutôt : « La junte militaire s’est donnée le nom de Comité
national pour le Salut du Peuple (CNSP), conduite par un Colonel, Assimi Goita,
et dit avoir parachevé l’œuvre du M5-RFP, comme le 26 mars 1991, où le Comité
de transition pour le salut du peuple (CTSP) de Amadou Toumani Touré alias ATT
avait dit parachever l’œuvre du Mouvement démocratique. »
Cette
fenêtre historique, Mme Konaré l’attribue au Mouvement du 5 juin- Rassemblement
des Forces patriotiques (M5-RFP), qui a ouvert la brèche en acculant un pouvoir
arrivé à bout de souffle, si jamais souffle il a eu.
Confirmant
que l’ex Premier Ministre de son époux avait agité le spectre d’un État
islamique, au sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO tenu à Niamey le 27 juillet
2010, Adam Bâ Konaré dédouanera Mahmoud Dicko. Elle dira même qu’il n’a
jamais parlé de guerre sainte, ni placé son mouvement sous le signe de l’Islam.
Pourtant, elle préviendra que ce dernier n’est pas un religieux banal car
alterne l’imam et le politique, le sage et l’insurgé.
Ce
dernier a affirmé avoir transformé les mosquées en lieux de campagne électorale
pour en 2013. « Il dit et se
dédit, entre et sort, part et revient, revient et repart, tantôt caustique,
tantôt émoussé, mais toujours, en appelant à la sagesse, au calme, à la
non-violence, à ne pas mettre à feu le Mali, à rentrer à la maison sans faire
de casses, des directives qu’un de ses lieutenants, Choguel Maiga, responsable
de parti politique pourtant, jugera comme relevant d’une haute stratégie
politique, d’une grande tactique.
Adam Bâ évoquera la réhabilitation de Moussa Traoré. La visite du CNSP
auprès du défunt Général, l’avait interpellé car au fil des débats de la junte
et du traitement réservé, la situation fut convulsant à ses yeux : Un deuil
national de trois jours, les drapeaux mis en berne, et des funérailles
nationales organisées, le vendredi 18 septembre en hommage à celui qui fera 23
ans à Koulouba, Mali.
L’ex
first lady rappellera que feu Moussa Traoré a été gracié par son époux en 2002,
mais aucunement amnistié pour ses fautes, en l’occurrence les « crimes
économiques » et les « crimes de sang » perpétrés contre le peuple au mois de
mars 1991. Elle ira plus loin en précisant que le Général-président s’est
refusé de demander pardon au peuple, bien qu’il fût dédouané par IBK, le jour
de son investiture en Septembre 2013. Ce qu’elle qualifie de ‘’mécanisme
de blanchiment’’ en justifiant avec les nombreux acteurs du mouvement
démocratique de mars 1991- qui affluaient vers GMT.
Aucune allusion à son statut d’ancien président de la République
et ceux qui ont assisté à son enterrement ont été dispersés à coup de grenade
lacrymogène, certains emprisonnés, d’autres obligés de s’expatrier. Adam Bâ rappellera qu’il a été refusé à sa veuve Mariam Travélé, de
porter le deuil. Il reste donc à organiser des funérailles nationales pour le
père de notre indépendance, Modibo Kéita.
Par contre , elle ira au constat que le mouvement démocratique de
1991 est devenu un mouvement giratoire des tourbillons du pouvoir,
désespérément atone et livide par ces temps de crise morale. Autrement dit , ce
n’est plus qu’un cinglant revers du fait des orientations prises par ces acteurs
désormais désavoués.
Malgré
le délai de 18 mois qu’on dit raisonnables pour ces prochaines élections, Mme
Konaré prévient qu’elles ne seront nullement crédibles et transparentes tant
que le même logiciel continuera à les organiser. Dans son viseur , le ministère
de l’administration territoriale , la CENI et la DGE qui avec le temps, montré
leur limite via leur mode de désignation, de même que leurs accointances avec
l’Exécutif.
Les
choix de la transition sous Bah N’Daw devraient être clairs et sans équivoque
en plus de prévoir une clarification institutionnelle qui s’impose. Notamment
au sujet des autorités morales – religieux et chefs traditionnels afin de
définir leur statut.
A Bah
N’Daw , l’épouse d’Alpha Oumar Konaré donne sa lecture du Mali nouveau en
déclarant : « Faisons de ce temps de transition un temps de travail, de
désintéressement, de rigueur et d’humilité, un temps de vertu. De grâce !
Renonçons à toutes ces cérémonies, festivités et commémorations budgétivores et
tapageuses, à tous ces cortèges officiels de nos voitures à tous, grosses
cylindrées ou petites, motards, pick-up, véritables bolides spectaculaires,
lancés sur nos voies à hurle-vent, sirènes stridentes et dérangeantes, héritage
répréhensible d’un pouvoir obnubilé par le m’as-tu vu et le plein-la-vue,
l’impressionnisme en un mot. Tenez-nous en au minimum protocolaire et
sécuritaire, cravatés ou gros-boubous, galonnés ou grosses-bottes, gros-foulards,
perruques ou longs-talonnées, c’est comme on veut. La grandeur réside dans la
simplicité. Moins on est visible, plus on est vu ! La clarté éblouissante du
pouvoir attire inexorablement son contraire : l’obscurité sépulcrale »
L’humilité
sera donc son mot de la fin, afin que le Mali étonne le monde. Une sortie d’Adam Bâ Konaré qui va encore faire des remous dans l’arène politique
mais aussi militaire cette fois vu les acteurs ciblés par sa tribune.
Propos recueillis par Idrissa Keita
Thérèse Diatta Ngoboh