mercredi 4 décembre 2019

Ngondo du peuple Sawa le 1e décembre 2019


Ngondo du Peuple Sawa




Le Roi Jean Yves Douala Manga Bell arrive en pirogue








Cette Fête traditionnelle est célébrée le 1e décembre de chaque année  dans la ville de Douala.

Le Roi Jean Yves Douala Bell devient le président du Ngondo


 S A R Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell, arrière petit fils de Rudolf Douala Manga Bell qui vient d’être nommé Président du Ngondo a dit :

 «  j’évoque la caravane de la paix qui s’est déroulée du 3 au 4 août 2019 à Douala, lancement d’un mouvement national prévu alternativement dans chacune des 10 régions du Cameroun. Etait-ce un clin d’œil à Rudolf Manga Bell, qui le premier fit ce tour patriotique dans une entité qui n’était pas encore pensée à cette époque. C’était encore une idée neuve. Il ya aujourd’hui, un Cameroun uni et indivisible ».


Case sacrée



La Case sacrée, symbole de la paix






Le panier sacré  portées par les initiés a ramené un message spirituel transmis par les sirènes du fleuve du Wouri : « la paix au Cameroun et encore la paix, les jeunes doivent être sage et se préserver. Ce sont eux l’avenir du Cameroun, ils doivent préparer le futur en évitant de s’infiltrer dans n’importe quel groupe susceptible de mal les orienter.

Le panier qui transporte le message des Sirènes est transmis au Nouveau Président du Ngondo, le Roi Jean Yves Douala Bell



Qui était Rudolf  Douala Manga Bell ?

L’actuel président du Ngondo, Jean Yves Douala Manga Bell est son arrière petit fils.

Rudulf  Douala Manga Bell est né en dix huit cent soixante treize à Douala.
Rudolf  Douala Manga Bell était le Roi de la lignée Bell du peuple Douala.
Après avoir terminé ses études primaires et une partie d'étude secondaire au Cameroun, il est allé étudier au lycée d’Aalen à Bonn en Allemagne où il a terminé ses études secondaires et universitaires. 
A son retour à Douala, il s’est opposé au gouvernement impérial allemand dans les années 1910 dans leur exigence d’exproprier tout le plateau Joss , quartier résidentiel de la ville de Douala. 
Son courage  et sa forte détermination ont fait de lui un martyr et héros de l’histoire du peuple Douala et du Cameroun.
Le 8 août 1914, le gouvernement colonial allemand a pendu le roi Rudolf    Douala Manga Bell, son secrétaire et cousin Adolf  Ngosso Din.



Thérèse Diatta Ngoboh

lundi 18 novembre 2019

TEMORE TIOULENTA Ministre de l'Education Nationale République du Mali


A l’issue de la 40eme session de la Conférence générale de l’UNESCO,   DR TEMORE TIOULENTA, MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE République du Mali a pris la parole devant l’Assemblée, notamment les différents pays membres de l’organisation, le président de la conférence générale, le président du conseil exécutif, la directrice générale de l’UNESCO
Temore Tioulenta Ministre de l'Education Nationale République du Mali




« je voudrais, au nom des plus hautes autorités de mon pays, rendre un hommage mérité à Madame Audrey AZOULAY, Directrice Générale de notre Organisation, pour l’intérêt qu’elle n’a cessé de manifester à la promotion de la paix en Afrique et au développement du continent.  
 Je voudrais aussi remercier Madame Zohour ALAOUI, Présidente du Conseil Exécutif, pour les immenses efforts par elle déployés depuis la dernière conférence et les importants résultats obtenus.
Comme vous le savez, depuis 2012, notre pays traverse une crise multidimensionnelle à lui imposée par des forces obscures.
La crise s’est soldée, dans les domaines de compétences de notre Organisation, par l’hibernation et la somnolence des activités artistiques, culturelles et touristiques, la destruction de majestueux fleurons de notre patrimoine historique et la dégradation continue de tous les indicateurs de scolarisation. C’est le lieu pour moi, Mesdames et messieurs, d’adresser à l’UNESCO, les remerciements appuyés du Gouvernement et du peuple malien pour sa contribution inestimable à la restauration des biens culturels de la ville sainte de Tombouctou saccagés en 2012 par les Cerbères des temps modernes et dans le cadre de la réhabilitation de notre système éducatif.
Depuis l’avènement de la crise, les plus hautes autorités de la République du Mali, héritières d’une civilisation millénaire portée par l’humanisme soudano-sahélien, ont opté pour la recherche de la paix par le dialogue.   
C’est dans ce cadre qu’il faudrait situer la signature en mai et juin 2015 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et celle de l’Accord politique de Gouvernance de mai 2019 dont l’axe majeur qu’est l’organisation d’un Dialogue National Inclusif (DNI) devra permettre aux maliens d’installer leur pays dans une paix durable »….
Et à propos toujours de paix, la communauté culturelle africaine aura retenu la vision qu’en a Son Excellence Ibrahima Boubacar KEITA, Président de la République du Mali. A cet effet, le  Coordinateur pour l’Union Africaine des Arts, de la Culture et du Patrimoine, disait justement à la biennale du Forum Panafricain de la Culture de la Paix d’octobre 2019 de Luanda (république d’Angola) que, je cite : « La paix ne peut devenir culture que si les groupes humains renoncent à voir dans la violence un mode normal de résolution des conflits et adoptent des comportements et des attitudes portant à la tolérance, au respect de la diversité et à la pratique du dialogue », fin de citation.
Cette vision rappelle que le mandat de l’UNESCO relatif à l’avènement de la paix dans notre monde reste pertinent, qu’il est d’une actualité brulante eu égard à la violence de plus en plus accrue et de plus en plus dévastatrice utilisée par des illuminés à des fins inavouables.
Ainsi, il apparaît clairement, que le mandat de l’UNESCO, aux antipodes des visées des courants d’intolérance, alternative à la terreur qui fait l’actualité est la meilleure réponse à la confrontation des cultures et au choc des civilisations.   
Il apparaît tout aussi pertinent de poursuivre la mise en œuvre du programme de Prévention contre l’extrémisme violent, issu du Plan d’action du Secrétaire général de l’ONU y afférent.

Le DR TEMORE TIOULENTA, Ministre de l’Education Nationale, République du Mali a accordé l’interview à ngobithe

Entretien avec ngobithe

Qu’est ce que la Mali attend de l’UNESCO
DR TEMORETIOULENTA : Le Mali salue la qualité de la coopération de l’UNESCO, marquée tout au long de ces années par d’importants appuis.
 sa plus grande implication dans la recherche de la paix et de la cohésion sociale au Mali, dans un contexte marqué par le terrorisme ;
son appui à travers le Programme de Renforcement des Capacités en vue du Développement de l’Education (CapED) et au renforcement de l’inventaire du patrimoine immatériel et des trésors humains vivants au Mali ;
-son accompagnement pour la mise en place des organes de l’assurance qualité dans l’éducation et aux différents programmes de renforcement des capacités en matière de gestion patrimoniale ;
 son appui à la protection renforcée du patrimoine culturel malien et au travail de suivi des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril . Souvenez –vous de Tombouctou, tout le site avait été détruit par les rebelles. Aujourd’hui, il est reconstruit, grâce à l’UNESCO
Je félicite vivement la  participation de l’UNESCO au conseil consultatif du Coordinateur pour l’Union Africaine des Arts, de la Culture et du Patrimoine.

Comment fonctionne  la scolarité dans la zone en conflit ?

DR TEMORE TIOULENTA :
Je parlerai du Mali en terme général. Nous œuvrons pour la gratuité à l’école.
Mon pays réitère son intérêt à l’égalité des genres, à la lutte contre les inégalités, notamment celles subies par les jeunes filles et les femmes, à l’accroissement des possibilités d’apprentissage offertes aux migrants, aux réfugiés et aux personnes déplacées portés par le Grand programme sur l’éducation.
Il attache un grand intérêt à la promotion d’une culture scientifique, technologique et d’innovations du grand programme sur les sciences exactes et naturelles.
Nous soutenons vivement la création des réserves de biosphère transfrontières notamment ceux du Bafing - Falémé, entre la Guinée, le Mali et le Sénégal et du Gourma, entre le Burkina Faso et le Mali.

Dans le domaine des Sciences Sociales et Humaines nous appuyons les différents programmes sur la paix, la réconciliation et la consolidation de la cohésion sociale.

Depuis la fin de l’occupation djihadiste en 201 et malgré l’arrêt officiel de la guerre civile en 015, la sécurité n’est jamais revenue dans la ville aux 333 saints. La région toute entière connait les attaques répétées. Est – ce que vous vous en sortez ?

Au titre du grand programme sur la Culture, notre préoccupation majeure reste la sauvegarde du patrimoine immatériel et matériel dans les zones concernées par les attaques terroristes.
Nous invitons tous les pays épargnés de la violence à  nous venir en aide Je crois fortement à cette solidarité.

Vous soutenez de nombreux programmes de l’UNESCO ?

Notre pays soutient le grand programme sur l’information et la communication, la conservation, la protection et la promotion des patrimoines documentaires des Etats membres, le programme Mémoire du monde, ainsi que le projet de bibliothèque numérique du Mali. 




Thérèse Diatta Ngoboh





vendredi 15 novembre 2019

Ibrahim Boubacar Keita intervient à la quarantième Conférence générale de l'UNESCO


Ibrahim Boubacar Keita Président de la République du Mali 



 UNESCO 13 novembre 2019
En m’invitant à prendre la parole devant cette auguste assemblée, et en cette session hautement symbolique puisque marquant la 40ème session de la Conférence générale de l’UNESCO, Vous avez choisi d’honorer le Mali, mon pays, qui a tissé avec l’UNESCO des liens particulièrement féconds depuis le premier jour de son accession à la souveraineté internationale ; un pays qui a beaucoup reçu de l’UNESCO mais lui a aussi beaucoup donné. Mais vous avez par la même occasion tenu à accueillir, à travers le Président du Mali, son intervention  parmi les chefs d’Etats et de Gouvernement de l’Union Africaine qui ont choisi de défendre et d'illustrer les Arts, la Culture et le Patrimoine africains. Je serais économe de vérité si je ne vous disais d’emblée que votre choix me touche profondément et que je vous en suis reconnaissant.




Ibrahim Boubacar Keita Président de la République du Mali en compagnie de la Directrice Générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay



 Mon propos sera unique, je suis convaincue que si l’UNESCO n’existait pas, il nous faudrait la créer.
Je partage la vision de l’UNESCO sur la culture, elle est importante pour moi.
 Nous vivons dans un monde qui porte comme des scarifications les traces d’une histoire façonnée par la violence. Une histoire qui, pour beaucoup, et en de nombreux endroits, de l’histoire. Une histoire à laquelle il convient de mettre fin en travaillant à faire éclore un autre monde.
Pour accoucher de cet autre monde, pour procéder à la reconstruction massive de sociétés lacérées, démembrées, déchiquetées, il n’est d’arme plus a été dominée par le fracas, le bruit et la fureur des armes ; du sifflement du fouet manié par les bourreaux esclavagistes assoiffés de sang à la tonitruance de la bombe nucléaire détenue par des pays désireux d’affirmer leur toute-puissance. Une histoire qui, en maintes occasions, a été souillée par l’insoutenable irresponsabilité qui a consisté à légitimer l’immonde inhumanité de la guerre en érigeant la violence en accoucheuse miraculeuse que la culture si, à l’instar du philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, l’on entend par culture « le lieu où l’individu s’appréhende comme genèse, comme autoproduction de soi à partir de ce qu’il n’est plus en direction de ce qu’il n’est pas encore ».
 Que cette conception de la culture, que je sais largement partagée par l’UNESCO, est aussi celle de l’Union Africaine. Pour nous, la culture est plus nécessaire que jamais en cette ère où « le monde s’effondre » pour reprendre le titre du livre-culte de Chinua Achebe vieux déjà de quelques décennies. Parce qu’elle est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié, selon la formule bien connue, la culture est comme qui dirait le dernier cauri qu’il faut protéger car si ce coquillage-à-lire- l'avenir, comme on l'appelle en Afrique de l’Ouest, venait à être dérobé, notre capacité à lire le monde et à y décrypter les signes du futur serait gravement atteinte.
Voilà qu’incidemment, j’indique que dans notre conception ,la culture  n’est pas simplement ressource pour affronter les aspérités d’un monde parfois cruel ,miné par des disparités grandissantes ;elle peut tout autant servir de tremplin pour opérer des basculements maîtrisés vers des avenirs choisis plutôt que subis. Bon nombre de sociétés qui l'ont démontré à travers le visionnaire  René Maheu, ancien Directeur General de l’UNESCO, lorsqu'il affirmait que  « le développement, c’est la science devenue culture ».
Je veux dire que, pour nous Africains, l’UNESCO est, aujourd’hui plus qu’hier nécessaire, voire irremplaçable.
Lorsqu'en effet les intolérances se multiplient, que les identités en arrivent à devenir meurtrières, que refont surface les risques de génocide que l’on croyait appartenir à un autre siècle, que la barbarie s’affuble du manteau de la religion, que les suprématistes de toutes origines se débarrassent de leurs masques pour mieux affirmer, mieux assumer leurs propos haineux, lorsque, enfin, et à notre grand dam, le racisme et la xénophobie sont banalisés, il y a urgence à œuvrer pour que les lumières de la raison se rallument et brillent à nouveau de mille feux.
Qui est mieux outillé pour le faire que l’UNESCO qui, dès sa création, a choisi de « bâtir dans les esprits où prennent naissance les guerres les remparts pour la paix »? Qui peut aujourd’hui, mieux que l’UNESCO, offrir des plateformes sur lesquelles hommes et femmes de sciences, femmes et hommes de culture, leaders religieux, pourraient se retrouver et se mobiliser pour juguler la tyrannie des marchés qui ignorent la morale lors même que l’économie fut enseignée d’abord comme une branche des sciences morales ? Qui peut, mieux que l’UNESCO, combattre les atteintes aux droits de l’homme, à commencer par ceux des femmes, que certains États cherchent à justifier par la culture oubliant qu’il n’est de culture digne de ce nom, ni de langue belle que « celle- la qui chez l’esclave sait reconnaitre la dignité et chez l’humain célébrer l’esprit » pour citer Serigne Mountakha. Qui peut, mieux que l’UNESCO, mettre au premier plan l’éthique sans laquelle il est à craindre que ne se vérifie à une échelle insoupçonnée, et plus tôt qu’on ne peut le penser, le vieil adage selon lequel « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »?
Je suis de ceux qui ont acquis la ferme conviction que tant dans son travail de plaidoyer que dans ses activités à caractère normatif, l’UNESCO n’a cessé de jouer un rôle de veilleur de nuit et, ce faisant, de nous administrer la preuve de sa nécessité, j’allais dire de sa légitimité.
Voilà pourquoi je veux affirmer avec force que c’est de plus d’UNESCO, et non de moins d’UNESCO, qu’a besoin le monde ; pour ne plus réduire l’être à l’avoir, pour ne plus confondre raisons de vivre et moyens de vivre, pour ne pas subordonner celles-là à celles-ci, pour ne pas mettre sous le boisseau l’honneur et la dignité -des valeurs qui devraient être non négociables-  au seul profit des honneurs éphémères par nature. Pour ne plus, d’un mot, se tromper de registre et travestir en finalités ce qui ne devrait être que moyen au service.
C’est de plus d’UNESCO et non de moins d’UNESCO qu’a besoin ce monde pour échapper aux ravages des logiques binaires et des jeux à somme nulle et, à rebours de ceux-là, s’engager résolument dans la construction d’un projet sociétal qui devrait être placé sous le double signe de l’humain et du durable partout sur cette planète aujourd’hui menacée. Une planète dont nous nous devons d’être les jardiniers attentifs et soigneux pour mériter le respect des générations à qui nous allons, croyons-nous, la léguer mais à qui en fait il serait plus juste dire que nous l’empruntons.
C’est de plus et non de moins d’UNESCO que nous avons besoin pour opérer cette rupture paradigmatique dont les glissements, voire les inversions, sémantiques ne sont qu’une traduction.
  
Je sais que de tels propos sonneront comme décalés dans certains milieux où, par-delà les agences de coopération prises individuellement, le multilatéralisme n’a pas bonne presse. Mais stigmatiser le multilatéralisme, voire le clouer au pilori, ne saurait être une posture africaine, surtout lorsqu’il s’agit de promouvoir les arts, la culture et le patrimoine. Dans ce secteur comme dans d’autres, l’Afrique opte résolument -et ce sera ma troisième thèse- pour un multilatéralisme fort, efficient, pour deux raisons que vous me permettrez d’expliciter brièvement.
La première est que si notre ère - celle de l’anthropocène qui a fait de l’humain le maître et possesseur de la nature -  suscite des inquiétudes qui conduisent certains esprits à affirmer que « le présent n’a pas de futur », il reste que tout n’est pourtant pas perdu car, fort heureusement, et à rebours de certaines thèses qui ont connu un succès médiatique immérité à mes yeux, l’Histoire n’a pas encore dit son dernier mot.  Fort heureusement, la fin de l’Histoire ne peut être proclamée car il nous reste une région encore peu explorée. Cette région dans laquelle s’ouvrent de nouvelles perspectives n’est pas un lieu géographique mais une dimension de la tripartition temporelle qui est la texture de notre humanité : cette région, c’est le futur qu’il faut se garder d’insulter en voulant le coloniser.
La deuxième raison est que cette nouvelle région peut être une chance, un espoir, si nous l’abordons dès aujourd'hui comme un interstice où nous pouvons apprendre à nous respecter, à croire à une humanité commune. Cette nouvelle région peut sauver notre humanité en l’exfiltrant de la préhistoire dans laquelle elle est engluée, si nous nous donnons les moyens de l’habiter différemment.
C’est à partir de telles hypothèses que le multilatéralisme me semble être une exigence majeure. En effet habiter le monde différemment, c’est tourner le dos à l’« état de nature » tel que conceptualisé par Hobbes et œuvrer à créer un ordre mondial où la guerre n’aurait plus sa raison d’être, comme ce fut la préoccupation des penseurs du siècle des Lumières. C’est de cette tradition intellectuelle que participe le multilatéralisme qui postule que les rapports inter étatiques peuvent être régis par la rationalité, la paix perpétuelle rendue possible par un Pacte social entre les États. Au contact des réalités, cet idéalisme kantien a fait long feu car au sein d’un système inter étatique anarchique (au sens étymologique du terme) la bonne volonté ne suffit pas à régler tous les problèmes, singulièrement ceux qui trouvent leurs origines dans les différences de puissance entre États, une approche plus pragmatique du multilatéralisme en est donc arrivée à s’imposer dans laquelle les intérêts nationaux gouvernent la politique étrangère des États mais ceux-ci mènent cette politique suivant des valeurs partagées par le plus grand nombre, comme Raymond Aron s’en était fait l’avocat. C’est un multilatéralisme a minima en quelque sorte, dont on pourrait dire en paraphrasant Sir Winston Churchill qu’il est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres.
Il reste que les arguments en faveur d’un multilatéralisme fort et efficient ne manquent pas. L’un d’eux, incontestable, est que sur des sujets aussi vitaux que le réchauffement climatique, les crises sanitaires, la persistance des crises économiques, financières et monétaires, les atteintes à la sécurité des Etats, des entreprises et des individus, la coopération multilatérale rendra l’action plus efficace. Cet argument est difficilement contestable en ce siècle où, pour le meilleur comme pour le pire, les sociétés ne peuvent plus fonctionner comme des monades.
Quel lien avec la culture, me direz-vous ? Le lien est que, pour habiter le monde différemment, comme pour promouvoir les arts, la culture et le patrimoine comme véhicule de reconstruction massive, il nous faut partir du principe que l’un, en terre des hommes, est toujours multiple ou,  autrement dit,  l’humanité se décline toujours au pluriel, sans hiérarchie dans les cultures. Habiter différemment le monde, c’est accepter que « faire monde », comme nous y invitent les Ateliers de la Pensée, n’est pas se soumettre à « un universel de surplomb » qui raboterait au passage toutes les aspérités mais promouvoir « un universel horizontal », selon Souleymane Bachir Diagne, qui reconnait à l’Autre ses fragilités, ses doutes et ses opacités. Il s’agit, tout simplement, d’un changement   de paradigme.

Oui, il nous faut changer de paradigme ! A nos arrogances, à nos certitudes, à notre attachement à l’univocité, il nous faut apprendre à mettre fin pour être en position de relever les défis lies aux « tremblements », pour utiliser une notion chère à Édouard Glissant, qui secouent la tectonique de nos univers physiques mais aussi de nos imaginaires. Sur ce point, notre Afrique a un rôle important à jouer.
Dans cette région du monde appelée demain, qui est un terrain à explorer autant qu’à construire, l’Afrique pourrait occuper une place centrale parce qu’elle porte le plus large potentiel de guérison sous la forme de cette joie obstinée, de cet optimisme quasi-ontologique qui lui fait dire « je suis blesséede partout mais je suis debout et je me bats ». Cet optimisme chevillé au corps, cette confiance en demain qui irradie le sage baoulé lorsqu’il affirme que « le soleil finira par se lever, quelle que soit la durée de la nuit » est, à n’en pas douter, une valeur sûre car elle est au fondement de la société de confiance, au cœur du désir d’avenir ; un désir sans lequel il n’est point d’avenir. Il est de notre responsabilité de maintenir vivace ce désir.

Je suis venu en ce haut lieu de culture pour vous dire notre conviction que l’Afrique a un avenir. Non pas seulement parce que nous sommes « les fils aînés du monde », ainsi que nous appela Aimé Césaire, et, à ce titre, dépositaires d’un capital culturel dont on n’a pas encore pris toute la mesure, mais parce que nous sommes le continent le plus jeune du monde. Or, que dit cette jeunesse ? Cette jeunesse, elle dit, avec les expressions qui sont les siennes : notre heure a sonné.
Kenako, c’est arrivé, a chanté la jeunesse sud-africaine lorsque le Comité International Olympique  annonça l’attribution de l’organisation de la Coupe du monde de football 2010 à l’Afrique du Sud. « It’s time for Africa » reprit en chœur l’auteure-compositrice colombienne Shakira dont les paroles servirent d’hymne tout au long de cet événement mondial. La « Laetitia africana » que s’autorise à rêver la philosophe congolaise Yala Kisukidi est à notre portée si nous nous donnons les moyens de repérer, de reconnaître et de soutenir le dynamisme, la force de vie, la créativité, le potentiel d’innovation de nos jeunesses.
Je suis venu vous dire que cette marche vers un monde meilleur, vers plus d’humanité, nous voulons la faire avec tous les peuples car la toile dont nous rêvons sera d’autant plus belle qu’elle sera tissée de fils de toutes les couleurs. Nous voulons marcher avec tous les peuples du monde car convaincus que si l’on veut aller loin, il faut aller ensemble. Le multilatéralisme n’est pas, à cet égard, une option que l’on peut adopter ou rejeter au gré des circonstances mais un impératif que j’aurais qualifié de catégorique si l’épithète ne sonnait par trop kantien. 


Publié par Thérèse Diatta Ngoboh



jeudi 14 novembre 2019

Professeur Laurent Serge Etoundi Ngoa UNESCO 40 e session Conférence Générale


Débat, politique générale, intervention du Ministre de l’Education de Base, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION NATIONALE DE L’UNESCO POUR LE CAMEROUN
 PROFESSEUR LAURENT SERGE ETOUNDI NGOA,
                                                    
  40 e session de la Conférence Générale de l’UNESCO







Professeur Serge Etoundi Ngoa Ministre de l'Education de Base République du Cameroun


"La 40 e session de la Conférence de l’UNESCO revêt un caractère symbolique car elle se situe au terme du premier biennal marquée du sceau de la "Transformation Stratégique" mise en œuvre par la Directrice Générale, Madame Audrey AZOULAY. Je voudrais saluer sa détermination et son engagement, toutes qualités qui lui ont permis d'insuffler une dynamique nouvelle à notre Organisation.
La 40ème session de la Conférence générale de l’UNESCO revêt un caractère symbolique car elle se situe au terme du premier biennale  marquée du sceau de la "Transformation Stratégique" mise en œuvre par la Directrice Générale, Madame Audrey AZOULAY. Je voudrais saluer sa détermination et son engagement, toutes qualités qui lui ont permis d'insuffler une dynamique nouvelle à notre Organisation.

        
    Je voudrais également saisir cette occasion pour relever que mon pays le Cameroun entretient d'excellentes relations de coopération avec l'UNESCO et cela, depuis plusieurs décennies.
        Ces relations fructueuses auront permis la réalisation de plusieurs projets importants pour le Cameroun, et donner de la visibilité à l'Organisation. Parmi les plus marquants, je voudrais citer:
L’ouverture à Yaoundé du Bureau Régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique centrale couvrant onze pays ;
La création de plusieurs radios communautaires ;
La création du Centre d’Excellence de Micro-sciences, Centre de Catégorie 2 de l’UNESCO à Yaoundé ;
La présence de l’organisation toujours à Yaoundé, du 24 au 26 octobre 2016, pour le premier Forum MOST en Afrique centrale et le Nigéria, dont les résultats obtenus ont été édifiants en termes de partage d’expériences ;
La collaboration de l’UNESCO dans la mise en œuvre du projet « Bimbia, la route des esclaves », qui porte sur la restauration du site de Bimbia,  port d’embarquement des esclaves sur la côte atlantique du Cameroun; 
L'inscription de nos importantes réserves sur la liste du patrimoine matériel de l'UNESCO;
Les visites officielles régulières de  S.E Paul BIYA, Président de la République et Chef de l'Etat camerounais, à l'UNESCO et toutes les visites de travail effectuées par les Directeurs Généraux de l'UNESCO au Cameroun.

L'UNESCO depuis 1960, accompagne le Cameroun dans la formation des ressources humaines de qualité et dans les réformes des programmes liés à ses domaines de compétence.
Pour sa part, le Cameroun s'est résolument engagé à apporter son appui à la mise en œuvre des programmes de l'UNESCO grâce à l'apport des financements additionnels pour la réalisation de certains projets.

Le contexte politique mondial actuel reste fortement perturbé par la montée de l’islamisme radical, la montée des irrédentismes nationaux et la recrudescence des actes terroristes, avec de graves conséquences sur la vie des peuples, à l’instar :
Comme des déplacements massifs de populations à l'intérieur et à l'extérieur des frontières.
Comme les violences que subissent les populations les plus vulnérables : les femmes qui sont menacées dans leur intégrité physique et les enfants qui sont privés d'éducation.
Par ailleurs, notre planète fait face à l’aggravation du réchauffement climatique et à la destruction massive des écosystèmes, menaçant même les réserves mondiales de la  biosphère. Il y a fort à craindre que les exploitations effrénées de certaines régions n'en viennent à porter, à moyen terme, de graves préjudices   sur la biodiversité et sur la santé.

Vous conviendrez avec moi, que la récurrence de ces menaces de toutes sortes, qui pèsent sur la survie même de l’humanité, nous pousse à mettre à profit chaque action que nous menons et chaque acte que nous posons, dans le sens de la consolidation de ces valeurs universelles que prône notre Organisation.

Le Cameroun qui n'échappe pas à ces agressions des groupes extrémistes et terroristes a entrepris d'y faire face à travers le renforcement du dialogue et la promotion d'une politique du vivre ensemble.
Notre pays participe activement à la mise en œuvre des résolutions et des recommandations issues des différents fora sur le climat  mais également, à travers la protection des ses écosystèmes forestiers grâce notamment, à la création des réserves naturelles telles que la Tri-sangha et la Réserve du Dja qui font partie du bassin du Congo, deuxième réserve mondiale de la biosphère. 
Notre organisation doit aujourd'hui, adresser tous ces défis à travers les quatre objectifs de la Transformation Stratégique dont le second qui veut que l'Organisation redevienne un lieu de réflexion et d’imagination du monde de demain.


Le Cameroun restera aux côtés de l’UNESCO et continuera à lui apporter son concours, en vue de la promotion et de la diffusion des vertus cardinales qui se confondent avec ses missions et auxquelles l’humanité est si fièrement attachée, parce qu’elles justifient notre existence.
De toutes les façons, nous cheminons ensemble".


Publié par Thérèse Diatta Ngoboh

        


mercredi 13 novembre 2019

Quarantième session de la Conférence Générale de l'UNESCO du 12 au 28 novembre 2019


Dialogue entre les jeunes et les dirigeants à l’UNESCO pendant la Conférence Générale



Dialogue entre les jeunes et les chefs d'Etats


Du 12 au 28 novembre 2019, la Conférence générale de l'UNESCO accueillera des délégations de 193 pays pour décider de l'avenir de certaines des questions les plus urgentes du moment. Pendant deux semaines, six commissions, quatre comités et environ 25 manifestations parallèles auxquelles participeront des chefs d'État et plus de 150 ministres feront de l'UNESCO un laboratoire d'idées où le " multiculturalisme en action " sera à la une.




Audrey Azouley, Directrice générale de l'UNESCO et Julius Maad, président de la République de Sierra Leone

Le mardi 12 novembre 2019, Audrey Azouley, Directrice Générale de l’UNESCO a ouvert le débat sur le thème « Régénération, repenser le multilatéralisme avec les jeunes acteurs du changement.
Selon Audrey Azouley, Directrice Générale de l’UNESCO, un enfant sur 6 n’est pas à l’école. Donc il faudrait multiplier les efforts, y mettre des ressources, donc investir pour l’éducation avec l’aide du gouvernement, promouvoir la formation tout au long de la vie, prévenir également l’extrémisme  et le racisme.
Comme intervenants : Basima Abdurahman, fondatrice et directrice générale de KESK, la première initiative locale pour introduire le design vert en Irak.
Séréné Boukelmoun :   jeune militante qui vit au Luxembourg. Elle s’intéresse à la science, elle a tout récemment reçu le prix, « jeunes femmes dans les affaires publiques ». Elle est membre de l’ONG, our common futur d’ ECPAT Youth Together, elle est aussi  Ambassadrice junior du parlement  européen.
Victoria Ibowe, Directrice de one African Child Fondation, une  ONG qui encourage la pensée créative, les actions innovantes en faveur des enfants par l’éducation à la citoyenneté au Nigéria. Elle représente les jeunes au comité directeur de SDG 2030.
India Logan Riley : étudiante en Archéologie, milite pour l’écologie le droit des autochtones Maori et de  Pasifika en nouvelle Zélande. Elle est co-fondatrice de Te Ara Whatu, une  organisation autochtone pour le changement climatique.
Paullius Serafina : coordinateur de programme pour le conseil lituanien, une institution cadre pour la jeunesse.
Juan Diego Vasquez : le plus jeune membre du Congrès panaméen et chef du premier groupe politique indépendant du pays.
De nombreux présidents présents au débat ont répondu aux questions de ces jeunes.
S. Excellence  Monsieur Julius Maada Bio, Président de la République de Sierra Leone depuis le 12 mai 2018 : « Pour éviter des soulèvements, nous devons impliquer davantage les jeunes dans nos décisions, créer des forums où les jeunes peuvent s’exprimer et proposer leurs suggestions et des solutions en partenariat avec des secteurs privés . En matière de droit de l’homme, il faut créer un environnement pour que l’éducation soit de qualité et accessible pour tous ».
S. Excellence  Tijani Muhammad-Bande, Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies : « Les jeunes sont les leaders du futur pour le développement durable.  C’est pourquoi leur contribution est importante en ce qui concerne le programme de l’éducation et de l’environnement.
Monsieur Nikol Pashinyan , premier Ministre de la République d’Arménie… : « Il y a  des pays où il n’existe aucun contrôle face à la pollution. La planète réagit brutalement par la manière dont nous gérons nos ressources. Le dialogue intergénérationnel   est la meilleure solution. Nous avons dans le gouvernement un jeune âgé de 19 ans. Nous avons prévu de planter dix millions d’arbres  pour créer un meilleur environnement et contre le changement climatique ».
Selon le président de la République de Tajikistan,  Monsieur Emomali Rahmon, face au changement climatique, les pays donateurs doivent contribuer financièrement.


Thérèse Diatta Ngoboh

mardi 12 novembre 2019


Ouverture de la 40e session  de la conférence générale de l’UNESCO Paris, le 12 novembre 2019.



Conférence Générale de l'UNESCO 40ème session
      
                                                                                                                           S.Excellence                     Mme Zohour Alaoui, Ambassadrice, Déléguée permanente du Maroc auprès de l’UNESCO et Présidente de la 39e session de la Conférence générale, a ouvert la 40e session de la Conférence générale lors d’une cérémonie officielle. Monsieur António Manuel de Oliveira Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, s’est adressé à l’assemblée lors de la cérémonie d’ouverture de la 40e session de la Conférence générale.
Débat lancé par la Directrice Générale de l’UNESCO : « Repenser le multilatéralisme avec de jeunes acteurs du changement »
Les principaux défis de notre époque sont de nature mondiale et exigent des solutions coordonnées et multilatérales. Cependant, nous assistons à des divisions grandissantes dans de nombreux endroits, le multilatéralisme étant de plus en plus remis en question. Cela conduit à un manque de coopération et à des réponses plus fragmentées et inefficaces.
Partout dans le monde, les jeunes femmes et hommes ouvrent la voie en démontrant la valeur de la solidarité mondiale et en se mobilisant au-delà des frontières pour amener des changements vers l’instauration de sociétés plus inclusives et durables. D’une importance particulière pour l'UNESCO, ces valeurs sous-tendent la volonté de l’Organisation d’engager une réelle coopération avec les jeunes et de mettre en avant leurs voix, expériences et idées lors des débats mondiaux, en nouant une collaboration et des échanges  aujourd’hui nécessaires pour susciter une évolution positive.
Dans ce contexte, les Chefs d’Etat et de gouvernement sont invités à échanger en dialoguant avec les jeunes dirigeants et agents de changement du monde entier. L’UNESCO entend mettre cet échange à profit pour clarifier les perspectives des jeunes en matière de coopération mondiale et recenser de nouveaux moyens d’associer les jeunes à la prise de décision, promouvoir leurs aspirations et satisfaire leurs attentes. Cela permet aux  chefs d’Etat et des jeunes de prendre des engagements nouveaux et concrets afin d’approfondir la coopération et de mieux asseoir le dialogue international.
Ce débat se déroule en présence de :

·         S. Exc. M. Xavier Espot Zamora, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre
·         S. Exc. M. Nikol Pachinian, Premier ministre de la République d’Arménie
·         S. Exc. M. Félix Ulloa, Vice-Président de la République d’El Salvador
·         S. Exc. Mme. Kersti Kaljulaid, Présidente de la République d’Estonie
·         S. Exc. M. Egils Levits, Président de la République de Lettonie
·         S. Exc. M. Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali
·         S. Exc. M. Joseph Muscat, Premier ministre de la République de Malte
·         S. Exc. M. Aleksandar Vučić, Président de la République de Serbie   
·         S. Exc. M. Julius Maada Bio, Président de la République de Sierra Leone
·         S. Exc. M.  Emomali Rahmon, Président de la République du Tadjikistan
·         S. Exc. M. Youssef Chahed, Chef du Gouvernement de la République tunisienne 
·         S. Exc. M. Tijjani Muhammad-Bande, Président de la 74ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies 


Thérèse Diatta Ngoboh