Bah Ndaw prête serment devant l'assemblée malienne
Bah Ndaw, le colonel à la retraite, ancien ministre de
la défense au mali, tend la main à la CEDEAO pour la levée des sanctions.
Bah Ndaw aura 18 mois pour mener
le Mali vers la transition, le temps de préparer les élections crédibles et
transparentes.
Pour Bah
Ndaw, la lutte contre la corruption sera sa priorité. De nombreux maliens
veulent croire à un renouveau pour un nouveau départ. La CEDEAO, maintien les
sanctions et attendent la nomination d’un premier ministre, selon Goodluck
Jonathan, l’ancien président Nigérian, l’émissaire de la CEDEAO, présent à la
cérémonie d’investiture, le retour du pouvoir aux civils sont les conditions
principales imposées par les chefs d’états Ouest- Africains pour la levée des
sanctions.
Après la
désignation de l’officier à la retraite Ndaw, comme président et le colonel
Assimi Goita comme vice – président, les discussions sont en cours avec l’organisation
sous – régionale pour la levée des sanctions.
Voici le discours de Bah Ndaw, lors de sa prestation
de serment :
Son
Excellence Umaro Sissoko Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau,
Son
Excellence Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du
Nigeria et médiateur de la CEDEAO,
Son
Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la Transition malienne
de 2012-2013
Madame la
Ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la
CEDEAO,
Monsieur le
Représentant de la MINUSMA,
Monsieur le
Représentant de MISAHEL, Son Excellence Pierre Buyoya, ancien Président de la
République du Burundi,
Monsieur le
Président de la Commission de la CEDEAO,
Anciens
Premiers ministres et anciens ministres,
Chefs
d’institutions en fonction et anciens,
Gouverneurs,
maires et Conseillers municipaux,
Autorités
Politiques, morales, religieuses et coutumières,
Ambassadeurs
et représentants des organismes de coopération,
Compatriotes
de l’Intérieur et de l’Extérieur,
Représentants
de la Société civile et de syndicats,
En vos rangs,
grades et qualités,
Tout
protocole observé,
Qu’il vous
plaise qu’avant toute chose, je rende grâce à Allah de nous avoir permis de
voir ce jour, de faire en sorte que nous nous rencontrions pour le Mali, pour
la grandeur du Mali, pour le confort du Mali !
Puissent
ceux d’entre nous qui jouissent d’une bonne santé, continuer à bien se
porter !
Puissent
celles et ceux d’entre nous qui souffrent de maladie recouvrer la santé !
Puisse l’âme
des êtres chers qui nous ont quittés, reposer en paix ! Ayons une pensée
pieuse pour les soldats du Mali et des forces amies, tombés sur le champ
d’honneur, FAMAs, Barkhane, Minusma qui ne sont là que pour assister le Mali
dans sa guerre de libération. Ayons également une pensée pieuse pour tous les
morts civils tombés lors de cette guerre et lors des récentes manifestations
politiques !
Pour
tous ces morts, je vous prie d’observer, avec moi, une minute de silence.
Je voudrais
ensuite saluer le Conseil National de Salut Public pour son esprit patriotique,
son sens du discernement et sa capacité d’écoute. L’investiture de son
Président le Colonel Assimi Goita en tant que vice- président de la Transition
en porte témoignage.
L’action du
CNSP du 18août, tout le monde en convient, est la conséquence de la très grave
crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la nation des mois durant.
Au collège
qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition,
j’exprime toute ma gratitude. Je suis honoré par son geste et je voudrais
lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance.
Que l’on me
permette également de souhaiter la bienvenue au Président de la Guinée-Bissau,
Umaru Sissoko Embalo, en terre africaine du Mali ! Président Embalo, vous
êtes chez vous, chez vos frères et chez vos sœurs.
Acceptez
l’assurance de notre profonde sympathie et de toute notre gratitude pour votre
présence ô combien significative parmi nous, en ce moment et en ce lieu !
Ma gratitude
va également et bien entendu à la CEDEAO pour sa constante sollicitude envers
notre pays et pour les sages conseils que le médiateur Son Excellence Goodluk
Jonathan n’a cessé de prodiguer à ses frères maliens depuis juin.
Il est des
nôtres désormais. Je salue sa présence et je voudrais l’assurer de la
détermination des Maliens à conduire une transition stable, apaisée et réussie,
dans les conditions et l es délais convenus. Plaise à Dieu !
Professeur
Dioncounda Traoré, cher aîné, merci de venir rehausser de votre présence
l’éclat de cette cérémonie. Que vous soyez à nos côtés ne nous surprend guère
car tout ce qui concerne le Mali vous mobilise ! Votre expérience, votre
endurance, votre foi en le Mali nous guideront.
Mes chers
compatriotes,
Il me plait,
solennellement, de dire à haute et intelligible voix, que je serai toujours
disponible pour servir le Mali. Servir le Mali est un privilège et cela doit
être un honneur pour chacune de nous, pour chacun de nous.
Malgré les
poids des ans, malgré le confort de la retraite, je ne pouvais me soustraire à
l’appel du devoir. Je ne pouvais hésiter un seul instant à sortir de mon champ
pour venir, moi aussi comme beaucoup d’autres avant moi, à la rescousse de ce
pays.
Le Mali m’a
tout donné. Je suis heureux d’être son esclave soumis, prêt à tout pour qu’il
renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues, des
représentants légitimes.
Je n’ai pas
d’autre mission. Je n’ai pas d’autre prétention.
Il s’agit
pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite
contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national.
Car la
maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses
fondements depuis au moins une décennie.
Oui, il ne
faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné,
humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par
nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes.
Et nous ne
pouvons continuer, de manière incantatoire, à garder la tête dans le sable et à
répéter sans chercher à empêcher le naufrage, à nous convaincre que le navire
pourrait tanguer mais qu’il ne chavirerait jamais. Il peut chavirer et il
chavirera si nous continuons à le faire tanguer.
Alors, si
nous voulons survivre en tant qu’Etat, en tant que nation, nous devrons, sans
perdre plus de temps, nous remobiliser.
Il faut
qu’au cours de cette transition, nous nous donnions la main, que nous
réfléchissions profondément ensemble pour reconstruire notre démocratie,
laquelle avait été jadis, une vitrine admirée.
Nous devons
tirer toutes les leçons de notre vécu immédiat, de notre histoire récente. Nous
devons pouvoir identifier quelles ont été et quelles sont encore les forces et
les faiblesses de notre parcours, quelles sont les opportunités que nous devons
tirer de la transition en cours et quelles sont les menaces qu’il nous incombe
d’enrayer.
Chers
compatriotes,
Chers
partenaires du Mali,
Une
transition ne saurait tout faire. Elle doit se donner des priorités. Les nôtres
ont été débattues, validées et consignées dans la Charte nationale de la
Transition issue des journées de concertation des 10, 11 et 12 septembre
dernier.
C’est cette
charte qui constituera mon bréviaire et si je dois donner ma vie pour que la
transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt
au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de
nos rêves et de nos potentialités.
Ma plus
grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de
la République élu, élu proprement et élu indiscutablement.
Pour cela,
il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos
processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes
pratiques, de solides contre-pouvoirs, car ce sont ceux-là, la force de toute
démocratie.
Au nom
du peuple malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité
des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans
concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat
de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la
perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage.
Chers
compatriotes,
Une telle
mission, je le sais, se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il
faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé.
Ces fléaux
accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire
s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demies victoires ne
suffisent plus pour les vaincre
Nous devons
gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion
politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de
moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie,
matériellement soutenue et moralement prête.
L’armée, il
est vrai, ne doit combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable
d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne
sera pas accepté.
Cependant,
les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à
l’armée.
Chaque
centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué,
tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le
serment.
La bonne
gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une
obligation.
Ce sera là
un chantier de la Transition. Il sera quotidien. Il sera renforcé et ne sera
pas négligé un seul instant.
Générer des
ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence
et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers.
Je ne peux
pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit
la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de
manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en
termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits
économiques.
Tous les
dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront
transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les
moyens de diligenter leur traitement.
Le Dialogue
National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour
que mettre en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes
recommandations.
Chers
compatriotes,
La
transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du
Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la
Réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie.
Il en va de
l’honneur de la République. Et il est important de redire aujourd’hui en ce
lieu et en ce moment, que le Mali c’est le Nord, c’est le Centre, c’est le Sud,
c’est l’Ouest, c’est l’Est, c’est l’ensemble de ses régions, l’ensemble de ses
terroirs, l’ensemble de ses cultures, sa diversité, toute sa diversité, son
admirable diversité. Nous devons préserver notre pays à tous. Et c’est à chacun
de nous de jouer sa partition.
Il
nous faudra également gérer, avec l’efficacité maximale la pandémie COVID 19.
Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention
par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la
garde. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la
lutte contre cette redoutable pandémie une de ses plus grandes priorités.
Le Mali
vaincra !
Vive la
démocratie !
Que Dieu
nous bénisse !
Idrissa Keita
Thérèse Diatta Ngoboh